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ont-elles vraiment moins d’importance que la porte ? Quelle que fût la nature de leur tendresse, Sophie Volland a joué dans la vie de Diderot ce rôle capital : elle a allégé, elle a ennobli, elle a exalté cette vie. Voilà l’essentiel, qui domine de très haut tout le reste.

Elle a allégé la vie de son ami. On a vu comme il se tournait vers elle lorsqu’il gémissait sous le poids de son labeur. C’est d’elle qu’il attendait la consolation, le sage conseil, le réconfort. Elle partageait le fardeau. « Je suis tout pour vous, vous êtes tout pour moi ; nous supporterons ensemble les peines qu’il plaira au sort de nous envoyer ; vous allégerez les miennes, j’allégerai les vôtres. » Pour lui, elle était le refuge : « L’esprit abattu, la tête lasse et paresseuse, le corps en piteux état. Il ne me reste de bon que la partie de moi-même dont vous vous êtes emparée. C’est un dépôt où je la trouve si bien que j’ai résolu de l’y laisser toute ma vie. » Un jour, accablé par les soucis domestiques, il souhaite que la mort l’en délivre. Et c’est encore la pensée de son amie qui le sauve du désespoir : « Demain, la tendresse et tout son doux cortège repren-