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quatorze ans ; une fille ne peut pas mettre le pied hors de sa maison sans être détournée ; et puis le frais, le secret, la solitude, le silence, le cœur qui parle, les sens qui sollicitent… Ma Sophie, ne verrez-vous jamais Vignory ? » Ajouterai-je que, suivant la même route que Diderot, de Langres à Isle-sur-Marne, nous nous sommes scrupuleusement arrêtés à Vignory ? Rien ne nous a permis d’affirmer que les mœurs de ce charmant village aient changé depuis cent cinquante ans. Ses environs offrent toujours ces séductions qui, selon Diderot, eussent enfin triomphé de Sophie.

Autre passage, plus significatif, daté de 1765. À la rigueur, on objectera qu’il pouvait être destiné à Mme Legendre. Vers cette époque, Diderot n’écrivait-il pas volontiers pour les deux sœurs ? Mais cette fois, il s’adresse uniquement à son amie. « Vous êtes enchantée si un homme bien épris attache sur vos yeux ses regards pleins de tendresse et de passion ; leur expression passe dans votre âme, et elle tressaille. Si ses lèvres s’appuient sur les vôtres, vous sentez votre âme s’élancer pour venir s’unir à la sienne ; si dans ce moment ses mains serrent les