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naissais ni ce plaisir, ni cette douleur. Mais n’est-ce pas une chose bien bizarre, que le songe n’offre presque jamais à mon imagination que l’espace étroit et nécessaire à la volupté ; rien autour de moi ; un étui de chair et puis c’est tout. » Ce passage n’apparaît concluant que si l’on admet, avec M. Alfred Mézières, que Sophie, « parce qu’elle pouvait tout entendre de Diderot, lui avait tout permis. » Mais ce raisonnement me paraît bien téméraire. Une extrême liberté de langage, chez cet homme excessif en paroles, n’entraîne pas nécessairement une extrême liberté de gestes.

Le dernier témoignage est tiré, non plus des lettres à Sophie Volland, mais des lettres inédites à Grimm. Plusieurs fois, Diderot parle à son ami du « petit escalier » qui lui donne accès à l’appartement de Mlle Volland. Pendant ces visites qui leur étaient permises, ils n’étaient pas à l’abri d’une surprise. « Nous étions bien pressés de nous retrouver. J’y allais un jour, et par le petit escalier. Il y avait environ une heure que nous étions ensemble, lorsque nous entendons frapper ; eh bien, mon ami, celle qui frappait, c’était elle, oui, elle, sa mère. Je ne dirai