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longue. » Au pied de chaque arbre… Ne sommes-nous pas en pleine fantaisie ?

Ailleurs encore, il imagine un petit asile où il vivrait un siècle près de son amie. « Est-il prêt, ce petit asile ? Venez le partager ! Nous nous verrons le matin ; j’irai, tout en m’éveillant, savoir comment vous avez passé la nuit ; nous causerons ; nous nous séparerons pour brûler de nous rejoindre ; nous dînerons ensemble ; nous nous promènerons au loin, jusqu’à ce que nous ayons rencontré un endroit dérobé où personne ne nous aperçoive… Nous rapporterons sur des fauteuils la douce et légère fatigue des plaisirs… et nous passerons un siècle pareil sans que notre attente soit jamais trompée. Le beau rêve ! » Diderot le dit lui-même : ce n’est qu’un rêve. Et les plaisirs qu’il invoque sont aussi chimériques que leur longue durée. Un siècle !…

Ces passages sont connus depuis 1830. Voyons maintenant les pièces récemment exhumées. L’une d’elles a paru décisive : « Si vous saviez comme je me porte, quelles couleurs, quel visage, quel embonpoint, la belle santé de reste. Quelle nuit que la nuit dernière. Il y avait longtemps que je ne con-