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bution clandestine, fort incommode. À la fin d’un souper à Trianon, deux convives disputent, devant Louis XV, sur la composition de la poudre à canon. Ah ! si l’on avait l’Encyclopédie… Qu’à cela ne tienne. On a tellement dit au roi que c’était « la chose la plus dangereuse du monde », qu’il a voulu s’en assurer. Il a l’Encyclopédie. Des valets apportent l’ouvrage. Le litige sur la poudre une fois réglé, on feuillette tous les volumes. Mme de Pompadour s’instruit sur le rouge d’Espagne et de Paris, sur la poudre des dames grecques et romaines. Elle apprend comment on tisse ses bas sur le métier. Ce ne sont qu’exclamations : « Le beau livre ! Ah ! le beau livre. » Chacun y trouve ce qu’il cherche. Le roi y découvre même tous les droits de sa couronne ! Il consent que l’ouvrage est bon et lève l’interdit.

En 1765, les dix derniers volumes de texte sont distribués. Jusqu’à l’achèvement des onze volumes de planches, en 1772, Diderot ne connaîtra plus qu’une alerte, ou plutôt qu’un déboire. En feuilletant un exemplaire, il s’aperçoit que le libraire Le Breton, par peur de la Bastille, avait pris sur lui de rogner ses articles. « Ce fut, dit Mme de Vandeul,