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domestiques passables ne sont pas communs. » Déjà !

Mme Diderot est si continûment acariâtre qu’il s’inquiète dès qu’elle s’adoucit au cours d’une maladie. Il confie ses alarmes à Sophie : « Un symptôme qui m’effraie plus qu’un autre, c’est la douceur de son caractère, la patience, le silence et, qui pis est, un retour d’amitié et de confiance envers moi… On est bien malade quand on perd son caractère… Les médecins ne font pas d’attention à ces symptômes moraux ; et je crois qu’ils ont tort. »

Il est vrai que Mme Diderot n’ignore pas la tendresse de son mari pour Mlle Volland, quelque soin qu’il prenne, par exemple, de lui cacher sa correspondance et de retirer lui-même les lettres de Sophie au bureau de son ami Damilaville, quai des Miramionnes. Elle sait. Et le chagrin peut altérer une humeur déjà criarde.

Le fait est qu’elle supporte mal cette influence étrangère. Et le jour où les dames Volland envoient un domestique rue Taranne afin de prendre des nouvelles de Diderot souffrant, Nanette le reçoit avec des façons de « harengère ». C’est ainsi que l’appellera Jean-Jacques Rousseau dans ses Confes-