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C’est à l’instigation d’un de ces artistes, breton comme lui, le peintre pompéïen Jean-Louis Hamon, que Tristan, à la fin de 1868, s’embarqua pour l’Italie, visita Gênes, Rome, Capri, Naples, Palerme et poussa peut-être jusqu’à Jérusalem.[2] Mais il ne semble pas que la séduction des pays du soleil se soit davantage exercée sur lui en 1868 qu’en 1863. On dit qu’à Naples, costumé en mendiant breton, la vielle en sautoir, il demandait l’aumône par les rues. Farce de rapin qui faillit lui coûter cher, cette tentative de concurrence à l’in-

  1. M. Martineau observe justement que plusieurs des Puyo, de qui descendait Tristan par sa mère, furent des artistes distingués. Edouard Puyo, entre autres, oncle du poète, collabora aux journaux illustrés de Paris ; son frère Edmond est conservateur du musée de Morlaix. Corbière, en prenant la même voie que ses deux oncles, n’obéissait donc pas à un simple caprice, mais à une vocation héréditaire. Et d’ailleurs, chez lui, le poète s’est toujours souvenu du peintre. Ajoutons que le portrait-charge qui « décorait » le frontispice de la première édition des Amours Jaunes, fut exécuté par l’auteur pour les frères Glady.
  2. Bohème de chic porte en effet la mention : «Jérusalem-Octobre ». Reste à savoir si cette mention, comme tant d’autres, n’est pas une simple mystification de l’auteur.