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bien se draper dans sa déchéance, mais non la pardonner complètement à ses auteurs réels ou supposés. Tout le caractère et l’œuvre elle-même de Corbière, où tant d’ironie tapageuse est mêlée à tant d’amertume secrète, s’expliquent par une rancune de paria : Aux premières atteintes du mal, sa mère l’avait conduit dans le Midi. Mais la lumière effarouchait ce maigre oiseau des brumes, et la Bretagne, d’ailleurs, n’a-t-elle pas, aux portes mêmes de Morlaix, l’équivalent des stations méridionales les plus tempérées ? Sur les conseils d’un médecin de la famille, Roscoff fut substitué à Cannes, et Tristan n’en bougea plus jusqu’en 1868. Il prenait ses repas chez un restaurateur de la localité, M. Le Gad, qui vit encore et qui lui a gardé le plus indulgent souvenir ; des artistes, Hamon, Michel Bouquet, Besnard, Charles Jacque, Louis Noir, fréquentaient en été la pension Le Gad. Tristan les amusa par son humeur fantasque et un talent de caricaturiste qui, à s’en référer aux quelques spécimens dont nous avons pu prendre connaissance, notamment au portrait d’un capitaine blohalc’h (morbihannais), peint sur panneau et conservé chez M. Le Gad, n’était pas