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Je t’adore… Et c’est pauvre : adorer ce qu’on aime !
Apparais, un poignard dans le cœur ! — Ce sera,
Tu sais bien, comme dans Iñès de La Sierra
— On frappe… oh ! c’est quelqu’un…
— On frappe… oh ! c’est quelqu’un…Hélas ! oui, c’est un rat. »

— « Je rêvasse… et toujours c’est Toi. Sur toute chose,
Comme un esprit follet, ton souvenir se pose :
Ma solitude — Toi ! — Mes hiboux à l’œil d’or :
Toi ! — Ma girouette folle : Oh Toi !… — Que sais-je encor…
Toi : mes volets ouvrant les bras dans la tempête…
Une lointaine voix : c’est Ta chanson ! — c’est fête ! …
Les rafales fouaillant Ton nom perdu — c’est bête —
C’est bête, mais c’est Toi ! Mon cœur au grand ouvert
Comme mes volets en pantenne,
Bat, tout affolé sous l’haleine
Des plus bizarres courants d’air. »

« Tiens… une ombre portée, un instant, est venue
Dessiner ton profil sur la muraille nue,
Et j’ai tourné la tête… — Espoir ou souvenir —
Ma sœur Anne, à la tour, voyez-vous pas venir ?… »

— Rien ! — je vois… je vois, dans ma froide chambrette,