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de sentimens énergiques. La force de ma complexion sut encore vaincre l’abattement de mon esprit et de mon cœur. Je revins à la vie pour éprouver, plus profondément que je ne l’avais fait dans ma maladie, le dégoût et presque l’horreur de l’existence. Mon caractère prit une teinte sombre, et cette insouciance, qui m’était naturelle auparavant, se changea en haine pour tout ce qui m’entourait. Insensible à mes maux, je ne conçus plus comment il existait des êtres qui pussent souffrir autant que je l’avais fait. Je voulais revoir la mer aussitôt qu’il me deviendrait possible de mettre le pied sur un navire, et de recouvrer assez de force pour commander.

Pitre, que j’avais laissé incarcéré et malade à la Dominique, se présenta un