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épouvante ; puis ils venaient, comme un flot tumultueux, pour fondre sur nous, et s’arrêtant tout à coup, leurs effroyables menaces succédaient à leurs premiers hourra de carnage !

Je ne sais combien de jours je restai dans cette position, plus cruelle mille fois que la mort la plus horrible…

Un matin, des cris inaccoutumés se firent entendre sur le gaillard d’avant, où les nègres avaient l’habitude de s’entasser comme pour se décider à nous massacrer. Je vois une cinquantaine de ces malheureux monter pour la première fois dans les haubans, et se livrer aux démonstrations de la joie la plus bruyante. Fraïda, qui comprend les mots qu’ils échangent énergiquement entre eux, court devant et revient presque aussitôt