Page:Corbière - Le Négrier.djvu/785

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs bras supplians et décharnés aux Anglais stupéfaits… Ceux-ci, saisis d’effroi à la vue de ces cadavres ambulans, hésitent à nous aborder. Leurs canots ont levé subitement leurs rames.

— Qu’avez-vous donc à votre bord ? me demande l’officier, du ton de voix le plus ému.

— Une maladie affreuse qui nous dévore.

Je venais de comprendre le mot de l’énigme que maître Pitre m’avait donnée à deviner, et ma réponse venait de m’être dictée par la ruse que j’avais comprise à temps.

Les Anglais se concertent entre eux : l’attaque est suspendue. Au bout d’un moment, l’officier, en renonçant à nous aborder, ordonne de faire feu sur nous.