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Je descends égaré dans ma chambre : je me bouche les oreilles ; je prends un pistolet chargé. Mais cette arme était suspendue au-dessus du portrait de Rosalie. Je jette un regard sur cette figure si noble, si touchante, comme pour lui faire mes derniers adieux… J’entendais à chaque instant tomber le long du bord des hommes qui criaient, et dont je croyais entendre aussi les mains s’accrocher sur les bordages qui me séparaient d’eux. Fraïda descend, se précipite à mes genoux, avec la joie dans les regards : elle me fait comprendre, par ses gestes rapides, qu’elle a vu la brise venir… Je saute comme un fou sur le pont : le ciel s’est couvert de nuages, la nuit me paraît plus fraîche, « Arrêtez ! c’est assez… Je vous ordonne de suspendre cette