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nait de nous sauver ! Les cadavres gonflés des empoisonneurs restèrent quelque temps étendus sur le gaillard d’avant. Je voulus que tous les esclaves les vissent, pour apprendre à craindre ma prévoyance et à redouter le châtiment que j’avais fait subir à leur camarades. La leçon produisit deux bons effets : mes noirs se défièrent de moi plus qu’ils ne l’avaient fait encore, et mes gens redoublèrent de surveillance.

J’avais su au reste me créer un moyen de police autre que celui que je devais attendre de l’activité de mon équipage. On se rappelle peut-être les deux chiens qu’à son départ de la Martinique pour la France, m’avait laissés mon frère. Ces animaux m’avaient suivi dans mon voyage au Vieux-Calebar. Je devinai,