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d’eux une cuiller et je leur commande à tous de manger. Entourés des matelots et de mes officiers, armés jusqu’aux dents, les nègres s’asseoient autour des gamelles et ils mangent paisiblement et en souriant, toute la soupe qu’ils sont accusés d’avoir empoisonnée. Leur sécurité me déconcerte, et je crois que Fraïda m’en impose ou qu’elle s’est trompée. Le funeste repas s’achève : un des nègres demande de l’eau ; on lui en donne, et bientôt ses autres camarades se jettent avec fureur sur le bidon qu’on leur présente, pour étancher la soif démesurée qu’ils semblent éprouver. Deux ou trois d’entre eux poussent bientôt des cris horribles et se roulent convulsivement sur le pont. Tous expirent au milieu des douleurs les plus atroces. Fraïda ve-