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ne pouvait s’expliquer le motif de cette boucherie atroce.

Le lendemain, la barre ne brisait plus avec autant de violence. Des pirogues, montées chacune par une trentaine de naturels, accostèrent le navire. Je savais qu’il ne fallait leur manifester aucune défiance, pour n’avoir pas, plus tard, à concevoir de craintes réelles sur leur compte. Avant de monter à bord, les nègres se mirent à battre les bordages du bâtiment à coup de longues baguettes. Un d’eux jette sur moi une petite pagode grossièrement sculptée. Je n’eus garde de m’effrayer de cette espèce d’épreuve. Les noirs poussèrent alors des cris d’allégresse, en sautant sur mes bastingages ; et celui qui m’avait fait tomber son petit Bon-Dieu sur les pieds,