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rapprochée de la mienne, se reposa sur mon front brûlant.

— Que fais-tu, malheureuse ! Si tu m’aimes, crains de m’approcher, et de respirer le mal qui m’embrase encore !

— Et que puis-je craindre quand tu m’es rendu, et que je suis auprès de toi ? Vingt fois pendant tes plus cruels accès, n’ai-je pas cherché à éteindre sur ta bouche le feu qui la consumait ?

— Quoi, pendant mon délire tu n’as pas craint ?… Ah ! je ne m’abusais donc pas, c’étaient tes baisers qui suspendaient mes douleurs poignantes ; c’était dans ta main que ma brûlante main reposait avec plus de calme. Oui, oui, maintenant je ne redoute plus d’être séduit par une illusion cruelle : c’est toi, c’est bien toi !…