Page:Corbière - Le Négrier.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et le gréement ; les autres racontaient ces contes dont les marins de quart bercent leur ennui, pendant les longues heures de veille. Enfant comme je l’étais alors, je me plaisais à entendre ces vieilles histoires de la mer, tout empreintes du caractère de leurs auteurs et de leur bizarre imagination. C’est par l’effet qu’elles produisaient, pour la première fois, sur moi, que je les juge aujourd’hui. Pour un vieux marin, les mœurs des hommes de mer n’ont plus rien d’étrange ; mais pour un passager, par exemple, elles offrent quelque chose d’original et de neuf, que, jusqu’ici, aucun écrivain n’a su bien rendre. C’est en rappelant ici la première impression que