Page:Corbière - Le Négrier.djvu/571

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voir avec nos figures noires et nos gros cous couverts de sueur et de goudron, nous pavaner sous nos parasols, et nous donner des airs de petites-maîtresses. L’un de nous venait-il à négliger son rôle, vite Doublon, préoccupé, nous répétait, en grinçant des dents et en faisant aussi grincer sa serinette : « Faites donc les bégûles, tas dé grédins ! »

Aussitôt que le navire se trouva par notre travers à nous ranger, notre manœuvre fut décidée : un fort coup de barre donné au vent nous fait arriver à plat sur lui, et nous l’abordons. Oh ! alors il n’y eut plus besoin de nous dire ce que nous avions à faire ! Nos ombrelles tombent à la mer ; nos ongles crochent les porte-haubans, et nous voilà grimpant à bord du trois-mâts comme des chats