Page:Corbière - Le Négrier.djvu/537

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

brick, succédait l’éclair qui déchirait la nue, en nous éblouissant. À chaque détonation, le tonnerre répondait par le fracas de la foudre, répété cent fois par les échos funèbres et sourdement sonores des mornes cachés dans les nuages qui s’abaissaient sur nos têtes. La sombre clarté du jour, plus triste que l’obscurité de la nuit, couvrait autour de nous tous les objets d’une couleur de deuil. La mer, plus lamentable, déferlait sur le rivage : la brise, venant par bouffées, tantôt couchait notre goëlette sur le flanc, et tantôt l’abandonnait tout à coup, pour la laisser se redresser et comme pour la tourmenter. À la riante clarté d’un beau jour, on se bat avec moins d’effroi, parce que l’éclat du soleil semble ôter quelque chose de ter-