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sang. On prit ensuite les morts un à un. Le maître charpentier, le chapeau bas, faisait semblant de lire, dans un vieux livre qui ne ressemblait pas mal à un Cinq Codes, la prière des morts, pour chacun des cadavres que l’on faisait glisser à la mer sur une longue planche. Un officier, tué dans le combat, fut empaqueté, par distinction pour son grade, dans un pavillon tricolore. On le jeta par-dessus le bord, après lui avoir amarré un boulet de 12 aux pieds et après avoir fourré des pierres à lest dans ses vêtements. « Ménagez ces cailloux, dit le second à ceux qui en garnissaient l’emballage des morts : il faut en garder pour tout le monde. »