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La mer, que l’élévation colossale de ces monts paraissait abaisser au dessous, de son niveau ordinaire, battait avec un bruit sinistre les bords irréguliers du Vent-de-l’Île. Les nues, amoncelées sur la cime des pitons, avaient l’air de se reposer, dans l’inaction de la nuit, de l’affaissement qu’éprouve la nature dans ces climats si pesans, où chaque jour semble être pour elle un jour d’épuisement. Le commandement du capitaine vint nous arracher à cette contemplation et aux réflexions tristes que faisaient quelques uns de nous : car, en abordant ces Antilles, tombeau de tant d’Européens, il n’est guère de marin qui puisse s’abandonner, sans réserve, au doux espoir de revoir encore une fois sa patrie.

Quand le jour vint, avec ses rayons