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que des illusions. C’est à la mer qu’il faut aller, pour commencer à faire connaissance avec les réalités.

Un gros gabier, affublé d’une robe blanche et d’une longue barbe d’étoupes, monta sur les grandes barres, un harpon à la main. Toutes les bailles et tous les seaux avaient été remplis sur le pont. La pompe d’étrave jouait depuis le matin, et faisait ruisseler à pleins tuyaux l’eau sacrée du baptême. Tout nous annonçait que les aspersions ne seraient pas épargnées. Dès la veille aussi, on avait eu la prévoyance de barbouiller, avec de la peinture noire, les deux petits mousses du bord, destinés à devenir les Diablotins du Dieu grotesque de l’Océan.

Cela fait, à midi, le Bonhomme-Tropique, perché sur les grandes barres,