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rière, apercevant à chaque instant des navires qui, par bonheur, ne pouvaient voir notre embarcation si peu élevée au-dessus des flots. La faim et la soif surtout nous tourmentaient. Que de fois mon compagnon me répéta qu’il donnerait un de ses doigts pour un seul coup d’eau-de-vie et un morceau de tabac ! À ce compte même, je crois que ses deux mains y auraient passé. Pour éprouver moins vivement les angoisses de la faim, il m’indiqua un procédé qu’il avait souvent mis en pratique. Il me fit lui serrer le ventre, aussi fortement que je le pus, avec un mouchoir. Un morceau de fil de caret lui tint lieu de chique ; et quand la soif nous pressait