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jusant. Je fis semblant de continuer ma route, pour ne leur donner aucun soupçon ; mais je les relevai exactement au compas, afin de venir leur rendre visite pendant la nuit. Une brume épaisse, qui s’étendit bientôt sur une des mers les plus calmes que j’aie vues en hiver, favorisa mon projet, au-delà de mes espérances. Je fis border mes avirons, que j’eus soin de faire garnir au portage, avec de l’étoffe, pour ne pas interrompre, par le bruit de la nage, le silence qui m’était si favorable, et je gouvernai sur le point où j’avais relevé l’ennemi. Quand je me supposai près du trois-mâts, je jetai l’ancre. En un clin d’œil, mon grand canot fut armé des hommes