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dans ces momens de crainte et de si frêle espérance ; la moindre barque devient un vaisseau de ligne ; la plus petite variation de brise paraît vous menacer d’un vent contraire ou d’une tempête effroyable. À la plus simple contrariété on se désespère : on trouve à peine le sang-froid nécessaire pour commander la manœuvre qui, au large, vous est familière. C’est un port qu’il faut aux corsaires qui atterrissent, pour qu’ils retrouvent leur gaîté et leur insouciante philosophie. On sent presque, dans ces moments d’anxiété, à l’approche du but, que la fortune les gâterait s’ils étaient toujours réduits à trembler pour ce qu’ils croient posséder.