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aussi mauvais petit sujet qu’on peut l’être à cet âge. Mon frère remportait tous les prix de ses classes. Il faisait les délices de ses professeurs. J’en étais le tourment. Quand on l’attaquait, je me battais pour lui : quand j’étais puni, il faisait mes pensums. Je l’aimais à ma manière, avec impétuosité et brusquerie. Il me chérissait de son côté ; mais son amitié, douce et caressante, avait quelquefois pour moi l’air du reproche. J’étais l’idole de mon père, qui retrouvait en moi tous les défauts de sa jeunesse. Ma mère ne pouvait vivre qu’auprès d’Auguste : c’était le nom de mon frère. Mon père avait voulu qu’on m’appelât comme lui, Léonard. C’était à son avis un