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entre nous, que les plus ivrognes s’endormirent couchés côte à côte avec les morts que nous n’avions pas eu le temps de jeter à la mer. Les marins les moins ivres travaillaient à repasser un petit mât de hune, à la place de celui qu’un boulet avait endommagé pendant l’action.

L’entrevue du capitaine avec celui de ses fils que la mort avait épargné fut courte, mais affreuse. Ce jeune homme, après le combat, vint embrasser son père, qui le premier prit la parole pour lui dire seulement ces mots : « Ton frère s’est fait tuer comme je l’entendais. »

— Oui, il est mort bravement, répondit le jeune homme, en sanglo-