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auſſi amère que peu fondée de l’un & de l’autre ? Il ſuit de-là, ou que vous ne mettez dans la claſſe des hommes de génie ni Voltaire, ni Rouſſeau, ou que vous bornez à bien peu de jours le deuil que vous devez en porter. Nous les pleurons, monſieur, nous les pleurerons encore long-temps.

Six ſemaines au plus après la mort de Voltaire, vous avez voulu le juger ; au lieu de voir dans ce grand homme l’auteur de Mérope, d’Alzire, de Mahomet, & c., vous avez affecté de ne nous montrer que celui de Zulime.

Le premier ouvrage de Rouſſeau, ſelon vous, eſt le moins eſtimable de tous. « Il commença, dites-vous, la réputation de ſon auteur, quoiqu’il ne prouve que le talent facile de mettre de l’esprit dans un paradoxe. Ce diſcours entier n’eſt qu’un ſophiſme continuel, fondé ſur un artifice commun & aiſé. Le diſcours ſur l’inégalité n’eſt que la ſuite des mêmes paradoxes, & un ſophiſme qui tombe devant une vérité simple. » Vous avouez qu’il dut avoir & qu’il a même encore beaucoup d’enthouſiames parmi les femmes & les jeunes-gens ; mais qu’il est jugé plus ſévérement par les hommes mûrs, qui le placent