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m’obſerva que ma femme, nourrice de ſes enfans, en avoit beſoin, & que certainement il ne l’en priveroit pas. Je fis alors des efforts & des raiſonnemens inutiles. Je revins une ſeconde fois lui dire qu’une affaire imprévue nous priveroit cette année de notre séjour ordinaire à la campagne, & que, dans ce cas, je croyois pouvoir la lui offrir ; il me dit qu’il n’étoit pas ma dupe, & qu’il ne l’accepteroit pas. Sans inſiſter pour l’acceptation, je l’aſſurai de la vérité du fait & m’en allai. Je revins enfin une troiſième fois, & j’en parlai de nouveau, mais avec indifférence. Je lui dis ſeulement que, forcé de reſter à Paris, je souffrois de voir mon appartement vide, mais que mon parti étoit pris. Mon air tranquille lui en impoſa probablement ; il me dit alors que s’il étoit bien aſſuré que je ne duſſe pas l’habiter, il iroit volontiers, attendu que le ſol de Sceaux, propre à la végétation, offroit de belles herboriſations. Je le lui confirmai de nouveau, & il accepta, même avec des démonſtrations de ſatiſfaction. J’ignorois que je le voyois pour la dernière fois ; ſi je l’euſſe ſoupçonné, je n’aurois pu me déterminer à le quitter.

Je crus devoir raiſonner mes démarches ultérieures, & de peur qu’il ne ſoupçonnât que je voulois m’emparer de ſa perſonne,