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tribuer à ſon bonheur perſonnel, ou de ceux qui, par erreur ſi l’on veut, mais bien réellement, ſe liguent & ſe relayent pour aggraver ſes maux.

C’est ici le lieu de rendre juſtice à la mémoire d’un homme dont les ouvrages feront toujours honneur à la France, à d’Alembert. Je le voyois ſouvent en maiſon tierce, mais j’évitois ſoigneuſement de lui parler de Rouſſeau, parce que je le ſavois ſon ennemi déclaré. Après la mort de ce dernier, nous en parlâmes souvent. Sans lui adreſſer aucun reproche direct, je le mis dans le cas de ſe juger lui-même. Il ſe reprocha franchement & amèrement les tracaſſeries qu’il lui avoit ſuſcitées, quoique s’excuſant ſur ſon erreur. Il en vint un jour juſqu’à répandre quelques larmes. Je ne puis diſſimuler qu’elles me firent plaiſir. Elles honoroient à mes yeux, & l’homme de mérite qui les verſoit, & celui qui en étoit l’objet,

Je ſuis enfin parvenu à l’époque la plus douloureuſe, au départ de Rouſſeau pour Ermenonville. Mes lecteurs attendent de moi des détails sur ſa mort, qui a donné lieu à des opinions diverſes. Je vais les ſatiſfaire. Je ne leur citerai, comme je l’ai fait jusqu’à préſent, que des faits, d’après leſquels ils pourront fixer