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ſont également trompés ſur la cauſe de ſa ſolie. Ses amis ont prétendu que les perſécutions que lui ont ſuſcité ſes ennemis réels, tels que les philoſophes & tous ceux qui avoient lieu d’être mécontens de lui, avoient fini par mettre le feu dans un cerveau déjà ſuſceptible d’un tel embrâſement. Ses ennemis ont dit que l’orgueil ſeul lui avoit tourné la tête. Je les crois tous dans l’erreur. Les perſécutions & les ſarcaſmes d’un grand nombre de philoſophes, proprement dits, & de littérateurs, ont certainement ſervi à convaincre ce malheureux que ſa chimère étoit une réalité, puiſqu’il pouvoit ſe prouver à lui-même que réellement il avoit des ennemis ; mais très-certainement ſes ennemis réels, car il en a eu beaucoup, ne lui ont pas donné ſa chimère, elle venoit de plus loin. À l’égard de l’orgueil, je n’en ai pas remarqué un ſeul trait dans le cours de douze années ; & ſi l’on y fait attention, il y a une mauvaiſe foi bien caractériſée dans le reproche qu’on lui fait d’avoir demandé qu’on lui élevât une ſlatue ; mais je ſors, non pas de mon ſujet à la vérité, mais de mon plan.

Il eſt certain qu’il avoit, en naiſſant, le germe de cette affreuſe maladie, qui, comme toute