Page:Corancez - De J. J. Rousseau, 1798.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 34 )

plairoit, mais vous ſavez bien qu’il n’y a pas de poſſibilité que j’en puiſſe venir à bout. Vous me propoſez donc froidement, me dit-il, de faire votre beſogne, il me semble que j’ai bien aſſez de la mienne ; allons, allons, à l’œuvre. Pour le coup, je tombai dans le découragemnent, & j’étois réſolu de n’y plus retourner. Ma femme prit le ſage parti de ne plus rire à mes dépens. Elle m’encouragea, & me fit enviſager que l’ouvrage, tel qu’il fût, reſtant entre lui & moi, je ne courrois aucun riſque.

Nouveau médecin malgré lui, je commençai, mais par morceaux détaches. À meſure que je les lui montrois, il les expédioit. Je fis ainsi le premier acte, & pendant qu’il le finiſſoit & travailloit à ſon ouverture, je fis le prologue & quelques morceaux du divertiſſement. Il voulut eſſayer ſon ouvrage. Il me pria de raſſembler, non des musiciens de profeſſion, mais des amateurs, pour faire une répétition. Je le ſatisfis. Il vint chez moi, chanta lui même son acte ; il fut mécontent du récitatif, & abandonna l’ouvrage. On ſe doute bien que j’abandonnai le mien. Malgré ſon état d’imperfection, la partition en a été gravée après ſa mort, & vendue, je crois, au profit des enfans trouvés.

Quelques perſonnes me conſeillèrent de le