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de parole, il étoit dans une ſituation vraiment pénible à voir ; &, dans ce moment même, en meſurant l’homme devant qui j’étois, j’avois honte du ton de ſupériorité que ma poſition me forçoit de prendre, & de l’embarras où je l’avois jeté en le forçant de s’expliquer.

Vous m’avez accuſé, me dit-il, de vous avoir caché des lettres de ma correſpondance avec Duſaulx, & ſans doute que ce ſont celles que vous ſuppoſez être contre moi. Parlez-vous, lui dis-je, d’après ce qui a été dit entre nous, ou vous a-t-on rapporté que je vous en avois accuſé devant d’autres perſonnes ? Je ne vous ai pas dit à vous : Vous avez d’autres lettres ; je vous ai demandé ſi vous aviez d’autres lettres, & vous avez pris alors ma demande dans ſon vrai ſens, puiſque vous m’avez répondu : Non, il n’y en a point, & vous avez jugé. Il faut donc que, depuis, quelque bon ami de vous ou de moi, m’ait accuſé de l’avoir dit ; or, il me ſemble que vous pouviez auſſi-bien m’en croire moi-même au moment où je vous en ai parlé, qu’écouter les propos qui vous ſont venus depuis par des étrangers. Il faut que vous conveniez d’une chose : Si j’ai tenu ce propos, j’ai menti ; car vous ſavez bien vous, que ne connoiſſant la correſpondance que par vous, ce propos