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eſtimoit, ſous le triple rapport de co-citoyen de Genève, d’homme du premier mérite dans la mécanique, & d’une probité à toute épreuve, c’étoit mon beau-père ; ils parlèrent de cette affaire : Rouſſeau lui dit que, comme les autres, je m’entendois avec ſes ennemis. La réponſe fut ſimple & franche. Rouſſeau convint à la fin qu’il étoit possible que je ne fuſſe pas directement ſon ennemi, mais que ſes ennemis très-ardens & très-adroits m’avoient choiſi, & qu’abuſant de ma bonne foi, j’avois été, ſans le ſavoir & ſans le vouloir, leur agent. Je crus, d’après cette déclaration, pouvoir y retourner ; & depuis il n’a jamais été queſtion entre nous de cette affaire.

Pour n’avoir plus à revenir ſur les ſoupçons qui me concernent perſonnellement, je vais rendre compte d’un ſecond entretien qui n’a pas eu plus de fuite que le premier, mais qui me paroiſſoit infiniment plus ſérieux. D’ailleurs, il est venu à l’occaſion de cette même correſpondance que Duſaulx vient de faire imprimer.

Mais avant tout, je dois faire part à mes lecteurs d’une anecdote antérieure dont je me ſuis ſervi avantageuſement dans cette ſeconde criſe, & qui me semble prouver que Rouſſeau n’étoit pas toujours auſſi difficile, ni même