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vous jouez dans cette affaire ; il faut que je vous conſtitue juge de ces mêmes motifs, pour ſavoir ſi vous les approuvez. J’ignore qu’elles ſont à cet égard vos dernières penſées ; mais ce que je ſais, c’eſt que je ſuis libre ; que ſi je ne reçois plus, c’eſt par des motifs qui peut-être n’auroient pas votre approbation, mais qui, ayant la mienne, ſuffiſent à ma détermination..

Il ne tenoit qu’à moi de ſortir & de crier à l’ingratitude. J’aurois trouvé un grand nombre de bouches prêtes à chanter mes louanges & mon humanité, pour se récrier d’autant plus fort ſur le mauvais cœur de Rouſſeau, ſur ſon orgueil & ſon ingratitude. J’aurois eu auſſi l’honneur de figurer dans le nombre des victimes de cet odieux caractère. J’ai pris le parti que me dictoient ma conſcience & ma conviction. J’avouai mon tort, je m’excuſai ſur le deſir peu réfléchi de le ſervir, je lui obſervai que cette affaire négociée, sans ſa participation & par un de mes amis, n’auroit point de fuites déſagréables pour lui, que j’allois renvoyer la lettre-de-change, & qu’il n’en entendroit plus parler, je ſortis & renvoyai la lettre.

Je tenois à ma liaiſon encore bien nouvelle, je n’oſai retourner chez lui, j’y envoyai celui qui m’y avoit préſenté, homme qu’il