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ment ; mais ils étaient loin d’être terminés quand des nouvelles inquiétantes, reçues de Papeete, forcèrent le gouverneur à rentrer dans cette ville. Son retour s’effectua par la côte est, où on avait signalé de nombreux rassemblements de révoltés. Il ne doutait pas que la vue d’un bâtiment à vapeur dans ces parages ne produisît un bon effet en intimidant les indigènes ; c’est en revenant de cette reconnaissance qu’il arriva le 1er mars à Papeete ; de graves événements avaient eu lieu pendant son absence.

Dès le 2 mars, devant l’effervescence continuelle des indigènes, M. d’Aubigny avait été obligé de proclamer l’état de siège de la ville de Papeete et de tout le territoire compris aujourd’hui entre la pointe de Fare-Ute et la batterie de l’Uranie. L’agression d’un indigène contre une de nos sentinelles, dans la nuit du 2 au 3 mars 1844, détermina M. d’Aubigny à un redoublement d’énergie. Convaincu que toute notre force résidait dans le prestige de la supériorité morale qu’il nous importait de ne pas laisser perdre au milieu d’une population excitée contre nous, et persuadé que le meilleur moyen d’en finir avec eux était de s’emparer de l’auteur et de l’instigateur de leur agitation, il se décida à faire arrêter Pritchard et à l’interner dans un blockhaus. En même temps, il distribua et fit afficher la proclamation suivante :

« Une sentinelle française a été attaquée dans la nuit du 2 au 3 mars : en représailles, j’ai fait saisir le nommé Pritchard, seul moteur et instigateur journalier de l’effervescence des indigènes. Ses propriétés répondront de tout dommage occasionné à nos valeurs par les insurgés ; et si le sang français venait à couler, chaque goutte en rejaillirait sur sa tête. »