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gleterre : il savait que la proscription des danses et des chants ne lui avait pas été pardonnée ; il voulut donc revenir sur ces premières défenses ; mais il rencontra une très vive opposition de la part des Chefs, qui tous, s’élevant contre l’indécence des danses, demandèrent le maintien des anciennes lois. — Pritchard ne se rebuta pas, il expliqua, décrivit les danses, prétendant que, loin d’être indécentes, elles étaient gracieuses, élégantes : rien n’y fit, les Chefs maintinrent leur avis. Alors, à bout de ressource (et ce détail montre bien jusqu’où ce missionnaire pouvait aller pour obtenir ce qu’il désirait), il se mit à les danser lui-même devant l’assemblée qui, étonnée d’abord, couvrit ensuite d’applaudissements ses ébats chorégraphiques et adoptèrent la loi, pour le remercier sans doute du spectacle incroyable qu’il venait de leur donner. Ses intrigues commençaient à porter leur fruit : on vit bientôt le pavillon du protectorat donné par l’amiral pour être arboré sur la demeure de la reine, remplacé par un autre pavillon, qui fut maintenu malgré les protestations et réclamations du gouvernement provisoire ; cette idée venait encore de Pritchard.

Les choses en étaient là quand heureusement l’amiral Dupetit-Thouars arriva des îles Marquises, où il avait reçu notification de l’acceptation du protectorat par le gouvernement français, qui lui annonçait en même temps la nomination du capitaine de vaisseau Bruat, comme gouverneur des Établissements français de l’Océanie (1er novembre 1843).

Mis au courant de ce qui s’était passé pendant son absence, l’amiral en conçut une grande irritation ; il écrivit à la reine, lui demandant de s’excuser et d’exé-