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histoire.

sans cependant avoir pu empêcher les choses d’être poussées très-loin.

Deux gouverneurs, M. de Saint-Jal, qui commandait en Provence, et l’intendant Lenain en Languedoc, occupés uniquement d’assurer la tranquillité publique, fermaient les yeux sur le fait des assemblées, que toutes les rigueurs de la déclaration de 1724 ne parvenaient pas à prévenir. Ils faisaient plus ; ils correspondaient avec les ministres, quand ils jugeaient à propos de manifester leurs craintes ou leurs volontés aux populations protestantes[1]. C’est ainsi que le pasteur Paul Rabaut correspondait avec l’intendant Lenain, touchant son séjour en Languedoc, et pour garantir que l’esprit soumis des fidèles ne permettait de concevoir aucune inquiétude sur de prétendus projets de révolte. L’intendant Lenain mourut ; alors on envoya son successeur en Languedoc avec ces deux missions : l’une, de faire exécuter avec rigueur tous les anciens règlements, et l’autre, de tâcher de faire entrer les évêques du Languedoc dans les vues de l’administration concernant les baptêmes et les mariages, c’est-à-dire d’obtenir qu’ils n’exigeassent point de signatures et autres actes d’abjuration extra-disciplinaires. Comme l’observe très-bien le Mémoire que nous citons, de cette double mission, le premier article était cruel, le second inutile. Aucun ne réussit ; encore une fois ni la force ni les négociations ne purent ruiner les églises.

Toutes les questions, tant celles des cérémonies spirituelles protestantes qui perpétuaient les églises, et qui annulaient toutes les espérances des évêques, que celles des assemblées qui effrayaient sans cesse le

  1. Mémoire sur le mariage des protestants, fait en 1785.