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Lausanne, et il demanda la cassation de la protestation du pasteur Loire ; l’attestation de l’Académie de Lausanne en faveur du premier prouve que les églises protestantes, tant désolées dans l’intérieur, avaient cependant su prendre des mesures pour donner une très-solide éducation en Suisse aux jeunes collègues qui devaient partager leurs dangers. Grenier de Barmont fut soumis aux épreuves suivantes ; sermon sur un texte assigné, composé et récité au bout de huit jours ; interprétation du Nouveau-Testament grec et de quelques psaumes hébreux, « par où nous avons pu connaître qu’il est en état d’entendre les livres sacrés dans l’original ; » enfin, interrogatoire sur des matières importantes de théologie et de morale. Les églises de cette province prenaient en même temps de sages mesures politiques ; un colloque assemblé le 14 mars 1750, composé de trois pasteurs et de cinquante-quatre tant anciens que notables, arrêta d’écrire à l’intendant que les protestants paieraient sans difficulté l’imposition du vingtième.

Cependant le plus grand obstacle à la renaissance définitive d’une organisation régulière des églises, c’était toujours la rareté des ouvriers travaillant à cette œuvre périlleuse. L’absence des pasteurs faisait plus de mal que la persécution. Les provinces voisines se disputaient entre elles ces courageux apôtres, qui tâchaient de multiplier leurs soins auprès de communautés où les mêmes dangers suivaient partout le ministère. À la même époque, il survint une discussion toute fraternelle entre le haut Languedoc et les hautes Cévennes, sur le point de savoir si le pasteur Viala, prêté pour un an par cette dernière province, retournerait au premier théâtre de ses travaux périlleux. En août 1752, le corps ecclésiastique du haut