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des églises du désert.

par lettre de cachet du 23 mars 1749 ; le mari fut conduit au fort de Brescou, et la femme dans un couvent de Montpellier. Leur crime était de s’être mariés au désert. Les communautés de Vabre, de Lacaune et de Castres furent frappées d’amendes considérables. Les protestants de Mérindol furent tourmentés. À Cadenet, nous avons vu que la populace outragea le cadavre d’un réformé par des traitements si révoltants que la justice informa (Lett. du min. Pourtal, 16 avril 1749). Près de Sommière, une autre arrestation vint jeter l’effroi dans les églises ; M. Louis Bouzanquet, avocat, notaire et juge, homme aisé et d’un esprit orné, avait épousé au désert la demoiselle Louison Deshours, de la maison de Calviac ; tous deux furent arrêtés au milieu de la nuit et menés au château d’Alais (Lett. du past. Marazel, 10 juin 1749, Mss. P. R.).

« Cet accident a tellement effrayé les gens, ajoute le courageux ministre, que je ne puis me dispenser de convoquer pour soutenir les esprits. » Le Dauphiné, qui jouissait depuis longtemps du privilège des plus vives persécutions, fut troublé par une scène qui aurait pu devenir très-tragique. Une assemblée se tenait le 9 juin à la pointe du jour, par les soins des ministres Vouland et Rozan, entre Montmiraud et la Beaume Cornilliane, lorsque deux détachements de dragons de la garnison de Chabeuil, envoyés par le subdélégué de Valence, vinrent fondre sur la réunion ; soixante coups de fusil furent tirés sur les fuyards ; une femme fut seule atteinte d’un coup, qui lui fracassa le bras. Les soldats dévalisèrent tous ceux qu’ils purent arrêter, et rentrèrent à Valence avec la robe du ministre pour trophée. Tels furent les excès commis par la soldatesque sur les religionnaires dauphinois. Dans les autres parties du midi, les rigueurs