l’évêque de Valence, qui s’était rendu exprès à Grenoble. Les églises ne parlèrent qu’avec indignation « de l’apostasie du sieur Duperron. » Citons ce beau passage d’une lettre du ministre A. Court, sur cet événement bien rare, même dans ce temps si dangereux : « La chute de l’ami que vous avez apprise nous a pénétrés ici de la plus amère douleur. Elle se fit avec grande pompe et en présence de plus de cent cinquante personnes de distinction, après plus de cinquante conférences sur les matières controversées. C’est la crainte de la mort et l’espérance d’une vie trop chère, qui a produit un événement de tant de triomphe pour les uns et de tant d’affliction pour les autres, qui fait maintenant le supplice de celui qui y est le plus essentiellement intéressé ; les gémissements et les soupirs qu’on lui entend pousser en sont des indices bien certains. Il s’était flatté qu’on le délivrerait après avoir fait ce qu’on exigeait de lui ; mais il s’est étrangement trompé, et chaque jour va lui apprendre combien son mécompte a été grand, et combien il aurait été plus heureux pour lui de se confier à celui qui ne trompe point et qui récompense magnifiquement ceux qui le servent, de lui être fidèle, et de souffrir mille morts plutôt que de manquer à la foi qu’il avait promise. Puisse son exemple, en rappelant à notre esprit de quoi notre faible humanité est capable, nous affermir de plus en plus dans nos devoirs et nous empêcher de les perdre jamais de vue. « (Lett. à P. R., 1er nov. 1748, Mss. P. R.) La prédiction de Court ne fut que trop vérifiée ; le malheureux Duperron mourut peu de temps après sa conversion, dans les angoisses d’une vive douleur morale. Cet événement rendit le parlement de Grenoble un peu plus doux ; les filles protestantes déte-
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