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histoire.

« J’ai l’honneur d’être, Monsieur, avec toute la déférence que je dois à votre caractère, votre très-humble et obéissant serviteur,

« Lasterme.


« Pardonnez, s’il vous plaît, à mon âge les interlilignes et les autres défauts d’écriture. »

Ce sont là des pièces qui font une impression profonde, et sur lesquelles on peut se dispenser de faire des réflexions. Elles parlent assez par la netteté de leur style et l’admirable ferveur de leur résignation. D’autres fois les jugements des intendants prenaient un degré inouï de rigueur, en attachant sur les bagnes, pour ainsi dire, une famille entière. Nous en trouvons la preuve dans un mémoire remarquable, accompagné des pièces à l’appui, qui fut présenté à la fin du siècle, à la commission de l’assemblée nationale, par Charles Bernardou, de Mazamet, district de Castres, département du Tarn. Ce descendant d’une famille infortunée, qui avait eu tous ses biens confisqués pour cause de religion, réclama vainement ; on lui opposa les ventes consommées et couvertes par la prescription. Ce qu’il nous importe de constater, seulement sous le point de vue historique, c’est que par jugement de l’intendant Lenain, en 1745, David Bernadou et Pierre Bernadou furent condamnés tous deux aux galères perpétuelles pour fait d’assemblée ; David Bernadou avait soixante et quinze ans ; le vieillard mourut environ un mois après son arrivée au bagne de Marseille ; mais son fils ne termina son temps et sa vie qu’en 1763, après huit ans de séjour aux galères[1].

  1. On sera peut-être curieux de connaître la forme des actes des bagnes pour ces galériens, martyrs de la liberté de conscience ; nous insérerons ici