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des églises du désert.

ment on est exposé de suivre les mêmes peines, exposé à demeurer attaché à une poutre avec une grosse chaîne la nuit et le jour. Si la vénérable compagnie de Marseille ne nous donnait pas 2 sols à chacun, la plus grande partie de nous subirait ce cruel supplice ; il y en a plusieurs à qui de plus pressants besoins le font supporter[1]. On veut savoir notre sentiment sur nos demandes ; mais avons-nous quelque chose à prescrire là-dessus ? Nous n’avons que le droit de représenter nos misères ; c’est à ceux qui en seront touchés d’y avoir égard comme ils jugeront à propos. Nous souhaiterions bien qu’il pût se faire quelque établissement d’un fond qui produisît tous les ans quelque chose pour notre soulagement, et remis entre les mains de personnes qui en dirigeassent la distribution de façon qu’aucun ne puisse en abuser à son propre préjudice. On veut savoir si nous avons écrit ailleurs ; nous ne nous sommes jamais adressés qu’à vous, Monsieur, en faisant même violence à notre discrétion, connaissant votre caractère charitable par les lettres pleines de consolation dont vous nous avez honorés. Permettez-moi de vous en marquer, en particulier, ma vive reconnaissance. Je prie le bon Dieu qu’il couronne les grâces qu’il vous a communiquées par de nouvelles grâces ; qu’il vous soutienne dans vos travaux et qu’il fasse prospérer les talents qu’il vous a donnés pour la gloire de son saint nom.

  1. Ce douloureux détail est cependant intéressant, parce qu’il montre les aumônes des églises pour cet article seulement. D’autres pièces portent à 8 ou 9 livres l’aumône journalière des églises du désert envers leurs martyrs des bagnes. Il paraît toutefois que ce secours n’était pas toujours dépensé pour l’objet spécial qu’il avait en vue de guérir : il y avait des galériens qui consacraient ce petit subside à d’autres dépenses ; ceci nous laisse concevoir le nombre considérable de galériens qui sont désignés, « comme n’ayant pas un sol pour se faire déferrer. »