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aussi bien civil que militaire. Les synodes allèrent jusqu’à demander, même à la noblesse languedocienne, de quitter cet article de son habit dans les rassemblements des églises. On ne peut qu’admirer la sagesse d’une telle décision. Cependant cette idée de réunions armées, que les faits prouvèrent n’être qu’une appréhension entièrement chimérique, fut sans cesse l’idée fixe et la terreur des intendants comme de la magistrature. Aussi parmi les arrêts de mort de cette époque, arrêts exécutés, outre ceux des ministres, nous n’en trouvons que trois contre des religionnaires laïcs, tous trois sous le prétexte d’avoir exigé en armes la délivrance d’un ministre, ou d’avoir eu recours à des menaces d’armes dans des assemblées. De ces trois infortunés, peut-être fort innocents même de ce crime, nous avons cité déjà Jean Desjours, en Languedoc, et Jacques Boursault, en Poitou ; nous parlerons plus bas de la condamnation de Jean Roques, de Beauvoisin, qui fut une des œuvres réellement barbares de l’intendant Guignard de Saint-Priest.

Nous voyons donc, en résumant l’esprit de cette jurisprudence, que les ordres de la cour étaient de sévir rigoureusement contre plusieurs ministres pour effrayer les autres, et pour prévenir les fauteurs de réunions religieuses ; la même sévérité s’étendit aux rares laïcs qui se donnaient à eux-mêmes la mission de prêcher et d’exhorter les fidèles, comme nous l’avons indiqué par la fatale sentence que subit Élie Vivien, de Marennes. On poursuivit aussi impitoyablement tout protestant soupçonné d’avoir paru en armes dans les réunions. D’ailleurs la grande majorité des assemblées religieuses ne furent ni troublées ni poursuivies. Sauf quelques exceptions rares et rigou-