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un commencement de procédure ecclésiastique contre les pénitents. Ces détails sont aussi déplorables qu’ils sont curieux, sous le point de vue qu’ils nous montrent la force publique de certaines localités du haut Languedoc, obligée d’intervenir par la violence pour empêcher les populations fanatisées de mettre à exécution les injonctions formelles de la déclaration de 1724. Elle n’avait pas cependant pour coutume de protéger les fidèles du désert.

Mais, de tout ce code d’intolérance que nous venons de parcourir sous le point de vue pratique, la plus curieuse, sinon la plus cruelle partie, c’est le chapitre des amendes et des dispositions fiscales. Les mesures qui furent prises à ce sujet, ayant un but fort positif et très-net, sont les plus faciles à expliquer. La disposition des choses à cet égard ne laissait rien à désirer. Comme les édits, ou certaines ordonnances, avaient attaché des amendes aux tenues d’assemblées, et comme, d’un autre côté, on ne pouvait savoir exactement le point des réunions, ni, par suite, le village même qu’il fallait imposer, on eut l’idée toute simple de faire supporter l’amende par tout l’arrondissement. C’était une ressource assez rationnelle en matière de perception. Dès l’an 1728, les intendants du Languedoc avaient divisé la province en cent quarante-trois arrondissements, contenant chacun un certain nombre de villes, bourgs, villages et hameaux. Lorsqu’il se tenait quelque assemblée dans l’étendue de chacun des arrondissements, on s’en prenait à tous les protestants du district. Les tableaux de ce singulier impôt, qui ont été publiés par Antoine Court, sont un bel exemple d’assiette financière[1]. Ils contiennent, par colonnes, la date

  1. Mém. hist. de 1752, p. 95. Le compte général depuis 1744 jusqu’en