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des églises du désert.

peau, et quelquefois même la très-forte majorité, ne voulait reconnaître d’autres curés que les ministres, ni entendre d’autres messes que celles du désert. Il fallait cependant que ces curés mariassent comme catholiques tous ces membres protestants ; ils étaient catholiques dans les Cévennes parce que la loi faite sous le bon plaisir de Versailles l’avait ainsi réglé ; ils étaient catholiques nempe ex edicto, pour rappeler le mot de Cicéron.

Que firent alors une foule de curés des Cévennes pour se tirer d’un pas si délicat ; ils imaginèrent des épreuves à exiger des nouveaux convertis, des épreuves de catholicité. Remarquons que ces épreuves étaient illégales et manifestement contraires aux édits. Les magistrats ne les approuvaient pas trop. Cependant elles étaient dictées par un devoir de conscience. On comprend que la partie la plus pieuse et la plus sincère des curés cévenols ait eu recours sincèrement à ce moyen. Quelques curés exigeaient un noviciat de quatre mois ; d’autres curés exigeaient six mois ; d’autres exigeaient un an d’assiduité au prône et à la messe paroissiale. Selon les règlements de l’évêque de Mende, il fallait renouveler le serment d’être catholique au pied des autels. Il est clair, qu’à moins de se passer du sacrement ou de vivre dans le célibat, les protestants, qui voulaient rester tels, n’avaient pas d’autre moyen que d’aller contracter mariage au désert devant leurs ministres. Chaque jour, sous ce rapport, ils cassaient tous les édits de Louis XIV, si artistement ourdis par les jésuites.

Mais, en se conduisant avec ce courage consciencieux, ils trouvaient devant eux la jurisprudence des intendants et des parlements de presque toutes les provinces. Ainsi M. Barentin, l’intendant de la Ro-1746.
19 novemb.