le-champ, veut et entend Sa Majesté que les hommes
soient envoyés incontinent, et sans forme ou figure
de procès, sur les galères de Sa Majesté pour y servir
comme forçats pendant leur vie, et les femmes et
filles récluses à perpétuité. » Ce fut l’intendant de la
généralité de Montauban, L’Escalopier[1], qui fut
chargé de mettre à exécution cette loi inconcevable.
Cet inquisiteur se procura d’abord un certificat qui
constatait que Paul Garry, du lieu de Bellegarde, et
Olimpe Maffre, de la paroisse de Sapiac, avaient été
mariés au désert par le ministre Jacques Dunières. À
cette accusée il adjoignit Marie Vernhes, de Bellegarde,
et Jeanne Terme, de Saint-Martial ; il les condamna
toutes trois à « être récluses à perpétuité dans
l’hôpital général de la ville. » Quant à leurs maris et à
d’autres protestants, outre ceux que nous avons
nommés, monseigneur L’Escalopier choisit encore
Raimond Gaillard, de Léojac, Barthélémy Costes, de
Saint-Martial, Jacob Caussade, du lieu de Courtade,
et Jean Mouissié, des Cabouillous. Après avoir déclaré1746.
17 décemb.
comme fait constant qu’il avait été tenu une
assemblée de nouveaux convertis dans le lieu de Cabouillous,
paroisse du Fau, « dans laquelle un ministre
de la religion prétendue réformée a prêché et
fait autres fonctions de ladite religion, et à laquelle
s’étaient trouvés ces coupables, » il les condamna aux
galères perpétuelles : « ordonnons qu’ils seront atta-
- ↑ Gaspard-César-Charles L’Escalopier, chevalier, conseiller du roi, maître des requêtes, intendant de justice, police et finances, et commissaire départi pour l’exécution des ordres de Sa Majesté en la généralité de Montauban. Charles de L’Escalopier, de Paris, maître des requêtes, vécut de 1709 à 1769, enthousiaste de l’Aminta du Tasse, qu’il traduisit, et auteur du Traité sur les vers à soie. Nous n’oserions cependant garantir que ce conseiller pastoral fut bien positivement l’intendant farouche, qui porta la terreur sur les bords du Tarn.