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des églises du désert.

que l’un de ces trois partis : ou de professer la religion romaine, contre les lumières de leur conscience, ou de vivre sans aucun culte de religion, comme des infidèles, ou d’être exposés à tous moments de perdre leurs libertés et leurs vies, comme il est arrivé à cette foule innombrable de leurs frères, dont on vient de rapporter quelques exemples. Ne semblait-il pas, Monseigneur, être de la justice la plus étroite, qu’en voulant éteindre la religion réformée en France, et en interdire tout exercice, on permit à ceux qui la professent, et qui en conservent les sentiments, de sortir avec ce qu’ils pourraient emporter de leurs biens et de leurs effets ; mais, par l’article 10 de l’édit, qui révoque celui de Nantes, il est défendu à tous protestants sujets du roi de sortir du royaume, sous peine de galères et de confiscation des biens, et l’on a vu les galères, et toutes les prisons du royaume, remplis de ceux qui, pressés par leur conscience, ont osé entreprendre d’aller chercher ailleurs une liberté qu’ils ne trouvaient plus dans leur patrie. » Telles furent les plaintes humbles et remplies de dignité que les réformés français transmettaient à la cour, au milieu des persécutions de 1745 à 1747 ; on ne voit point qu’elles furent suivies de quelque adoucissement bien notable à tant de maux. Il est plus que probable que leurs pétitions ne parvenaient pas même au pied du trône. Si leurs placets écrits étaient dédaignés, leurs ouvrages apologétiques imprimés n’éprouvaient pas un sort plus heureux. S’ils mettaient au jour quelque mémoire imprimé secrètement, pour expliquer l’innocence de leur culte, de leur discipline et de toute leur conduite, à l’instant, quelque ménagés qu’en fussent les expressions et le style, les parlements supprimaient ces défenses, comme contraires aux édits,