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des églises du désert.

des brevets, ce qu’on appelle conjurer. La défense des duels fut renouvelée sous les peines les plus sévères. Des peines disciplinaires non moins graves devaient frapper ceux qui se permettraient, par complaisance ou pour de l’argent, de prêter de leurs meubles et effets pour tendre et tapisser le jour dit la Fête-Dieu (Ib. syn. prov. du 10 déc. 1747. Mss P. R.) Nul autre synode du temps ne peint d’une manière plus frappante et plus naïve, la rigueur de la morale, qui s’élevait dans ces églises persécutées, non moins que les mœurs de ces populations mixtes, où la portion protestante tendait sans cesse à se mêler aux usages et aux fêtes des autres cultes. Ces mêmes hommes qui prenaient part aux carnavals et aux banquets patronaux de la foi romaine, et qui prêtaient des draperies pour la Fête-Dieu, se laissaient ensuite enfermer à perpétuité dans les bagnes, plutôt que d’abjurer leur foi. Il faut remarquer de plus que ce n’étaient pas les pasteurs seuls qui promulguaient ces règlements rigoureux, puisque dans l’assemblée qui les rendit il n’y avait que trois ministres contre vingt-cinq anciens et laïcs.

Ce fut toujours un trait aussi capital que remarquable dans tous ces synodes, que la présence constante d’une majorité d’anciens, c’est-à-dire de membres laïcs. Ce ne furent donc point des prêtres, mais bien les fidèles eux-mêmes, qui rendirent tous ces décrets si sévères et si fervents.

Cependant les malheurs des protestants du désert semblaient être parvenus au comble. Dans tout le midi du royaume, les populations exaspérées étaient sur le point de méconnaître la voix de leurs pasteurs, qui leur recommandaient sans cesse la soumission aux lois et la résignation, même au milieu de leurs mal-